la machinerie de la piscine municipale, un batiment bleu sur fond de ciel bleu.
L’été va être long, cette année. La décision de fermer la piscine municipale laisse à la population un goût amer, mélange de colère et de frustration. 
La multiplication par 2,5 des prix de l’électricité et par 3,4 des prix du gaz aurait entraîné des factures annuelles de 44 000 et 63 000 euros
L’augmentation des coûts de transport scolaire ? Une ardoise supplémentaire de 24 800 euros, « simplement » pour conduire les enfants à la piscine, une infrastructure déjà déficitaire en temps normal : 175 000 euros par an.
Jusqu’à quel stade un équipement collectif, par définition non rentable, peut-il être maintenu ?
Il faut maîtriser les dérives et savoir assumer des choix. Je préfère voter une subvention d’équilibre pour la cantine scolaire et continuer de proposer des repas à 1 euro pour les familles démunies, alors que les prix des matières premières ont également explosé, plutôt que d’ouvrir la piscine.
Attenant à un petit camping, le site s’est développé à une époque où les subsides coulaient plus facilement. Au plus fort de sa fréquentation, 20 000 entrées étaient enregistrées l’été. 
Les parents pouvaient y laisser leurs enfants sous la surveillance des maîtres-nageurs et aller jouer aux boules sur le terrain de pétanque voisin. C’était le lieu de convivialité par excellence 
La vocation sociale de cette piscine a toujours été une évidence. Pour beaucoup de familles qui n’ont pas les moyens de partir en vacances, elle représentait le seul loisir de l’été.
Sa fermeture, totalement inattendue, a relancé un phénomène que le confinement avait amorcé pendant la crise sanitaire : l’achat de piscines individuelles en kit. Plusieurs modèles hors-sol ont fait leur apparition, ici et là, comme à l’arrière des immeubles à loyer modéré du quartier populaire.
Fermer une piscine, c’est encourager les enfants à jouer aux écrans sur leur canapé. L’inactivité physique et la sédentarité sont des fléaux dont l’impact affecte fortement la santé des jeunes. 
Pour les gens du peuple, la piscine, c’était les vacances pour pas cher. On y passait facilement une partie de la journée sans débourser d’argent, c’était aussi un endroit où on pouvait se dépenser physiquement et trouver des copines.
La piscine est tout à la fois un lieu d’apprentissage de la natation, de familiarisation avec l’eau, de découverte sensorielle pour les tout-petits, de bien-être pour les personnes âgées. Un lieu de santé, de vivre-ensemble, de mixité sociale, un lieu démocratique – républicain

A défaut de bassins chlorés, les baignades naturelles devraient constituer de précieux succédanés, cet été. Sauf… impondérables : le développement de cyanobactéries et les remontées de pesticides
L’été sans piscine, un drame social dans les petites villes
Par Frédéric Potet, Le Monde
Publié le 17 juillet 2023

Back to Top