
Plus qu’à un basculement idéologique, on assiste d’abord à un effondrement d’un système bipolaire qui reposait sur une classe moyenne majoritaire et intégrée. Mais ce barnum politique est en train de prendre fin et ce que les élites appellent « populisme » est la conséquence d’un basculement sociologique et politique majeur. Le système bipolaire s’effondre parce que le système politique n’est plus représentatif.
Les catégories populaires ne croient plus à la bipolarisation et n’adhèrent plus au projet d’une classe politique décrédibilisée par plusieurs décennies d’impuissance. La montée de l’abstention ou du vote FN ne sont pas des indicateurs d’anomie, ou le signe d’une progression irrationnelle du « populisme », mais la preuve d’une émancipation par le bas d’une part majoritaire de la population.
Mais se poser la question du populisme, c’est déjà tomber dans le piège de la mise à distance des classes populaires. Cet a-priori récurrent depuis une trentaine d’années permet de délégitimer leur discours. En effet, l’approche de la crise par le « populisme » vise à décrédibiliser les réactions des classes populaires et, pour finir, à occulter les causes du rejet des classes dirigeantes. Il s’agit, en fait, de rendre illégitime la contestation des choix économiques et sociétaux effectués par les organisations ayant exercé le pouvoir, quelles que soient leurs étiquettes.
Si la mise en avant du « populisme » s’est généralisée parmi les élites, c’est parce que cela permet d’imposer un diagnostic « par le haut », en décrédibilisant le diagnostic « par le bas », celui des classes populaires. Or, contrairement à ce que l’on croit, la diagnostic rationnel, objectif, est celui des classes populaires, car ce sont elles qui vivent au quotidien, depuis trente ans, les effets de la mondialisation (stagnation ou déflation salariale, précarisation, chômage, fin de l’ascension sociale) et son corollaire lié à l’immigration (aléas de la cohabitation, quartiers difficiles, problème de logement, déshérence de l’école, instabilité démographique…). Ainsi, contrairement à ce que l’on écrit et dit un peu partout, le diagnostic « par le bas » (désigné comme « populiste ») n’est pas le fruit d’un emportement irréfléchi, d’une radicalisation irrationnelle ou d’une protestation superficielle. Il s’agit bel et bien d’une analyse objective des retombées de choix économiques et sociétaux précis.
Pourtant, le problème est toujours abordé dans un sens péjoratif ou avec un regard condescendant.
Le « populisme » pose ainsi un problème de fond à l’ensemble de la classe politique. Il tend à faire disparaître la fracture artificielle entre la gauche et la droite, pour laisser poindre un affrontement entre les classes dominantes (de droite ou de gauche) et les classes populaires. Il contraint les classes dirigeantes à ouvrir les yeux sur l’émergence de nouvelles classes populaires et d’une forme de contre-société.
En réalité, si, officiellement, la montée de l’abstention, notamment des classes populaires, est une préoccupation de la classe politique, elle apparaît en fait comme une condition de la survie du système. La consultation populaire est de fait un danger.
Les catégories populaires ne croient plus à la bipolarisation et n’adhèrent plus au projet d’une classe politique décrédibilisée par plusieurs décennies d’impuissance. La montée de l’abstention ou du vote FN ne sont pas des indicateurs d’anomie, ou le signe d’une progression irrationnelle du « populisme », mais la preuve d’une émancipation par le bas d’une part majoritaire de la population.
Mais se poser la question du populisme, c’est déjà tomber dans le piège de la mise à distance des classes populaires. Cet a-priori récurrent depuis une trentaine d’années permet de délégitimer leur discours. En effet, l’approche de la crise par le « populisme » vise à décrédibiliser les réactions des classes populaires et, pour finir, à occulter les causes du rejet des classes dirigeantes. Il s’agit, en fait, de rendre illégitime la contestation des choix économiques et sociétaux effectués par les organisations ayant exercé le pouvoir, quelles que soient leurs étiquettes.
Si la mise en avant du « populisme » s’est généralisée parmi les élites, c’est parce que cela permet d’imposer un diagnostic « par le haut », en décrédibilisant le diagnostic « par le bas », celui des classes populaires. Or, contrairement à ce que l’on croit, la diagnostic rationnel, objectif, est celui des classes populaires, car ce sont elles qui vivent au quotidien, depuis trente ans, les effets de la mondialisation (stagnation ou déflation salariale, précarisation, chômage, fin de l’ascension sociale) et son corollaire lié à l’immigration (aléas de la cohabitation, quartiers difficiles, problème de logement, déshérence de l’école, instabilité démographique…). Ainsi, contrairement à ce que l’on écrit et dit un peu partout, le diagnostic « par le bas » (désigné comme « populiste ») n’est pas le fruit d’un emportement irréfléchi, d’une radicalisation irrationnelle ou d’une protestation superficielle. Il s’agit bel et bien d’une analyse objective des retombées de choix économiques et sociétaux précis.
Pourtant, le problème est toujours abordé dans un sens péjoratif ou avec un regard condescendant.
Le « populisme » pose ainsi un problème de fond à l’ensemble de la classe politique. Il tend à faire disparaître la fracture artificielle entre la gauche et la droite, pour laisser poindre un affrontement entre les classes dominantes (de droite ou de gauche) et les classes populaires. Il contraint les classes dirigeantes à ouvrir les yeux sur l’émergence de nouvelles classes populaires et d’une forme de contre-société.
En réalité, si, officiellement, la montée de l’abstention, notamment des classes populaires, est une préoccupation de la classe politique, elle apparaît en fait comme une condition de la survie du système. La consultation populaire est de fait un danger.
La France périphérique, de Christophe Guilly (aux éditions Flammarion)